mardi 24 mars 2015

10 Count

Shirotani est mysophobe. En d'autres termes, la saleté l'insupporte à tel point qu'il lui est impensable de laisser quiconque le toucher et qu'il se refuser à toucher quelque chose que quelqu'un à toucher avant lui.

Et si cela peut apparaitre compliqué au quotidien, entouré un patron compréhensif et sans jamais quitter ses gants, Shirotani vit avec sa maladie... Jusqu'au jour où son patron manque de se faire renverser et est sauvé in-extrémis par un étranger. Ce dernier refusant d'être remercier, il en profite pour faire une remarque à Shirotani : "ça à l'air sévère... vous devriez consulter." en désignant une petite tâche de sang sur son gant... Issu de lavage trop fréquent qui lui ont abimé les mains.

Surpris et outré sur le coup, Shirotani finira tout de même par se rendre à une clinique psychiatrique... Où il tombera sur cet homme, Kurose, qui est en réalité psychologue dans cette même clinique. Le hasard fait décidément bien mal les choses, quand on voit la première impression que lui a laissée Kurose !

Mais conscient du courage qu'il lui a fallu pour venir, Kurose lui propose d'en discuter à l'extérieur dans un café, à la suite de quoi ils dresseront ensemble une liste de 10 choses d'une difficulté croissante et qu'il devra essayer de faire avec l'idée que lorsqu'il arrivera à dépasser le numéro 10, il sera alors guérit...

3 volumes (série en cours)
Licencié par Taïfu


Premier article (il était temps *rires*) écrit dans le cadre du méga challenge du Club Shojo ! Si tu souhaites en savoir plus sur ce challenge et peut-être, toi aussi, y participer, n'hésite pas à suivre le lien que j'ai glissé plus haut ;)

Rihito Takarai était l'auteur qui m'avait réconciliée avec les Yaoi au travers de Seul la fleur sait ou encore Fleur et Sens (que je n'ai toujours pas chroniqué). J'avais, dans la foulée, choisi de m’intéresser à 10 Count avec une petite impatiente de retrouver sa pudeur et son ressenti sur le mal de notre héros... Pourtant et avec 10 Count, Rihito Takarai pourrait bien au final devenir l'auteur qui va me fâcher de nouveau avec les Yaoi !




Faites une liste de un a dix, et écrivez par ordre de difficulté les choses qui vous répugnent 


L'histoire était basique et même si j'aurai eu une ou deux choses à redire sur les entretiens cliniques et la relation psychologue / patient, je ne le ferai pas parce que... Bah, ce premier volume m'avait tout simplement plu et que ma remarque aurait tout simplement été une entrave à l'histoire

... Si l'on met ça de côté, Shirotani est mysophobe et si d'apparence, il a tout d'un jeune homme ordinaire, on nous montre vite qu'il n'en est rien et qu'elle prive notre héros aussi bien d'une vie sociale un peu plus fournie que de loisirs qu'il apprécie (comme la lecture). L'accroche que l'on trouve sur la première page résume sa situation : se tenir loin de ce qui l’insupporte lui permet de tolérer sa situation.

J'ai tout d'abord apprécié la façon dont la situation était traité. Si terrible que puisse être cette phobie, notre héros s'en sort grâce à un entourage compréhensif et aux quelques efforts qu'il fait au quotidien. Et puis, j'ai très rapidement réussi à m'attacher à lui au travers des réflexions humaine qu'il se fait. Par exemple, s'il ne peut pas toucher les gens ou toucher quelque chose que quelqu'un d'autre à touché, c'est indépendant de l'affection qu'il leur porte... Même si, pour l'entourage, c'est d'autant plus difficile à comprendre.

Puis, il rencontre Kurose, un homme plutôt difficile à cerner qui s'avère être psychologue et qui va lui proposer de l'aider. C'était une façon comme une autre de poser notre couple et leur petits rendez-vous hebdomadaire était l'occasion de les voir tisser des liens sur lesquels on avait parfois un peu de mal à mettre un nom, qui m'ont parfois attendrit, parfois fait espérer un peu plus tout en sachant que pour Shirotani, ce plus n'était pas envisageable et enfin, la distance prise par Kurose qui était inéluctable...

Dans ce premier tome, j'avais tout simplement retrouvé ce qui m'avait plu dans Seul la fleur le sait et quelque part bien plus encore. Rihito Takarai m'avait de nouveau touché l'air de rien en plein cœur avec 10 Count. Mais vous vous en doutez, vu là façon dont j'ai introduis cet article... Il y a forcément eu un hic entre ma lecture du premier tome et cet article mais... Avant d'y venir, faisons un petit encart.


La numéro dix étant ce que vous ne pourriez jamais faire...

Lorsque Shirotani établit la fameuse liste des 10 choses à faire, le point 10 reste en suspend... Mais compte tenu des neufs points précédant de la liste, je m'avancerai à dire que la chose que Shirotani ne pourrait jamais faire ce serait de laisser quelqu'un le toucher voir avoir des relations sexuelles. Je sais, ce ne sont que de pures suppositions de ma part, mais le contact direct avec autrui n'étant pas du tout envisagé dans la liste (le simple fait d'un contact indirect le dégoute déjà), j'en suis venue à me dire que c'était voulu tout comme ce point dix qui restait dans le flou...

Et si cette petite remarque de ma part peu paraitre anodine, elle va me permettre de vous aider à comprendre pourquoi au final le tournant pris dans le second volume constitue le hic qui à complétement piétiné tout le bien que je pensais de 10 Count !


« On dit qu'un sadique et un masochiste apprennent graduellement leurs limites mutuelles, ce qu'ils peuvent et ne peuvent pas supporter...  »

Voilà, en partie, la petite note de l'auteur qui conclu ce volume. Encore quelque chose de très anodin me direz-vous... Et pourtant, pas vraiment, puisque cette simple phrase suffit à résumer l'erreur monumentale qu'est ce volume à mes yeux !

Parce que oui, voir l'auteur comparer la mysophobie à une relation sado / maso m'a permis de m'expliquer l'erreur de l'auteur et surtout pourquoi ce déroulement me dérangeant tant ! Dans une relation sadomasochiste et pour ce que j'en sais (en soit, pas grand chose, je vous l'accorde), chacun va retirer du plaisir de la relation qui est entretenu de par sa position de dominant ou de dominé et du pouvoir qu'elle confère à chacun. Là-dessus, je suis d'accord sur le fait que chacun apprends ses limites, mais il reste important de noter que la situation est consentie et que le but est d'en retirer du plaisir. Parler de ça me donne d'ailleurs une étrange sensation de déjà vu avec ce schéma pathétique (et caricatural) du Uke/Seme qui se retrouve dans un bon nombre de Yaoi... Enfin, bref !

Si l'on parle à présent d'une phobie (et au final, peu importe la phobie dont-il est question), le phobique ne retire aucun plaisir de sa phobie et il n'en cherche pas les limites (parce qu'il les connait très bien). Y être confronté ne le procure pas de plaisir et il va bien au contraire chercher à l'éviter autant que possible, même lorsqu'elle s'oppose à quelque chose qu'il peut désirer (notamment la proximité avec une personne qui lui est chère) !

MAIS, si l'on considère toujours que le point dix considère le fait d'être touché ou d'avoir des rapports et qu'au final...C'est ce que le héros subit quasiment contre sa volonté dans ce volume 2 de la part de Kurose qui pousse les choses loin, très rapidement et très brutalement et qui pousse l'acte à la limite de la relation non consentie... On constate que le héros est confronté à sa phobie sur tout son corps où les mains et la langue de Kurose courent ! Pour lui qui n'arrive toujours pas à boire dans le verre de quelqu'un (c'était son 8ème point me semble-t-il)... Envisager un contact direct, prolongé, répété et sur ton son corps... Est-il vraiment être prêt pour ce genre de choses ?!

Deuxième petit encart (oui, aujourd'hui, j'aime les encarts XD) made in la FAC de Psycho où j'ai fais mes études parce qu'il y a tout de même une chose que l'on m'a appris (pas qu'une, d'accord, mais pour le cas présent on en restera à une parce que c'est pas non plus le propos *rires*). Surexposer une personne phobique à l'objet de sa phobie n'a JAMAIS eu pour effet de faire disparaitre la phobie ou de la diminuer... Mais au contrainte de l'aggraver ! C'est qui rends l’œuvre trop bancale quand le lendemain, après avoir subit toutes les pires choses qu'il aurait pu craindre (là, je vois difficilement pire), Shirotani sourit vaguement à son "tortionnaire"... Tandis que moi je tirais une tête de trois pieds de longs, me demandant encore ce qu'il avait bien pu se passer !

Pour moi, il n'était pas question d'amour entre nos protagonistes, mais bien plus d'un abus d'autorité de la part de Kurose sur Shirotani puisqu'il ne tenait absolument plus compte des sentiments de ce derniers, obnubilé par ses propres sentiments, son envie de le toucher et sans aucune culpabilité après coup. Il lui imposait tout ça, conscient de sa phobie, des conséquences que ça aurait dû avoir (oui, il est quand même psychologue dans l'histoire... ça, il ne devrait pas l'ignorer et même si en dehors du boulot, tu n'as pas à "cagoler" tous les gens qui t'entoure, j'ai au moins l'espoir qu'il prenne soin de la personne qu'il aime... Mer... Credi !)

Tout ça est vraiment dommage, puisqu'on vous amenait dans ce tome le conflit interne qu'avait Shirotani entre ses sentiments et ses désirs à l'encontre de Kurose et sa phobie qui faisait office de barrage... Conflit qui s'est complétement trouvé balayé par la tempête "Kurose" alors que tout l’intérêt de l'histoire résidait pour moi ici... !


Pour conclure, je dirais que si j'avais vraiment apprécier la douceur avec laquelle ont traitait le sujet de la mysophobie et que j'avais hâte de voir l'évolution (qui allait certes être lente, mais pour une fois tant pis) de la relation de nos protagonistes que l'on nous avait laissé entrevoir dans le premier volume... Je regrette juste aujourd'hui que l'auteur ne se soit pas mieux documentée avant d'aborder ce sujet et ne l'ai que mal utilisé pour amener très maladroitement des scènes de sexes brutales et non consenties qui tombaient comme des cheveux sur la soupe et qui m'ont juste mise très mal à l'aise tant que je ne savais pas comment on en était arrivé là. Autant de raisons qui font que je ne continuerait pas malheureusement pas 10 Count...



Chronique réalisé après lecture des deux premiers volumes de la série

2 commentaires:

  1. Je me permets de débarquer son ton blog, haha. Je suis tout à fait d'accord avec ton avis sur le tome 2. Je suis une des rares fans de yaoi qui ont été dérangés par la direction typiquement yaoi qu'a pris 10 Count. Je m'attendais mieux de la part de l'auteur. C'est comme si elle ou son éditeur s'est dit "oulala il faut qu'on mette une scène de sexe ici sinon les lectrices vont se lasser de cette histoire sans sexe !".

    J'étais carrément dégoûtée à la place de Shirotani pendant cette scène. Pour moi, Kurose n'a pensé qu'à lui et s'est dérogé à son rôle de médecin (en plus il mélange vie privée et professionnelle, mais bon je suis pas là pour le juger). Bref, l'auteur a pris son sujet à la légère.

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    1. C'est exactement ça, je m'attendais aussi à bien mieux.

      Après tout, pour moi, Rihito Takarai c'était l'auteur qui m'avait réconciliée avec les yaoi (c'était déjà pas rien XD) et qui avait cette façon de raconter bien à elle et qui rendait ça touchant. Ici, comme tu le dis, c'est clairement devenu un "ils vont se lasser, il nous faut plus de sexe"... Alors qu'il y avait tant a exploiter sur ce point justement !

      Et comme toi, j'étais dégoutée. Dégoutée que ça tourne comme ça, dégoutée que l'auteur ne se soit pas mieux renseignée sur son sujet, que Kurose soit au final ce genre de personne (le bon gros dominant dans toute sa splendeur... bonjour le cliché que 10 Count est devenu en un seul volume) et... Surtout de finir par me dire que je ne terminerai pas une série que j'avais tant apprécié.

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